ALEXANDRE VINOKOUROV

Né le 16 septembre 1973 .
à Petropavlosk (Kazakhstan)
Marié . 3 enfant Irina - Nikola - Kiril
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Site internet 2

Son palmarès à l'ECSEL
Arrivée au club :1997
Entrée dans l'équipe professionnelle Casino : 1998

1° Essor Breton + 1 étape 1997
3 victoires dans le Circuit de Saône et Loire 1997
1° de la 4° ét. du Tour Nord Isère 1997
1° des Boucles du Tarn 1997
1° de la 2° ét. Tour du Pays Roannais 1997
1° GP de Meyrueis 1997
meilleur grimpeur à Redon-Redon 1997 (Coupe de France)
meilleur grimpeur du Circuit de Saône et Loire 1997
vainqueur du classement par points du Tour Nord Isère 1997

2° de la 4° ét. Tour d'Auvergne 1997
2° de la Route du Bugey 1997
2° de la 4° ét. de l'Essor Breton 1997
2° Tour du Pays Roannais 1997
2° du GP de St Léger 1997
2° du Circuit des 2 Provinces au Pertre 1997 (Coupe de France)
3° de la 4° ét. du  Tour de Franche-Comté 1997
3° de l'Ardèchoise 1997
3° de la 4° ét. Tour du Pays Roannais1997

4° de la 2° ét. Tour d'Auvergne 1997
4° de la 1°ét. du Tour du Pays Roannais 1997
4° du GP Fenioux 1997
4° Tour de Pologne 1997 (pro)
5° de la 1° et 4° ét. Tour de Meurthe et Moselle 1997
6° Tour de Franche Comté 1997

9° de la 1° ét. du Tour Nord Isère 1997
10° du Circuit de Saône et Loire 1997

Palmarès chez les pro

Casino (1998/99)
Telekom (2000/..)

1° Paris-Nice 2002-2003
5 victoires d'étape sur Paris-Nice 2004 (3), 2003 (1), 2002 (1)
1° Amstel Gold Race 2003
1° Tour de Suisse 2003 + 1 étape
1° de la 10° étape du Tour de France 2003
1 victoire d'étape au Tour de Suisse 2002
1° Dauphiné-Libéré 1999 + 1 étape
1 victoire d'étape dans le Midi Libre 1999
1° Tour de Valence 1999 + 1 étape
1° 4 jours de Dunkerque 1998
1° Ronde de l'Oise 1998

2° Tour du Haut-Var 2002
2° Jeux Olympiques de Sydney 2000
2° Midi Libre 1999
2° Tour de Romagne 1999
2° Milan-Vignola 1999
2° Tour de Murcie 1998

3° Tour de France 2003
3° Liège-Bastogne-Liège 2004
3° Tour d'Allemagne 2003
3° Tour de Valence 2001
3° Critérium International 2000
3° Classic Haribo 1999

5° Flèche Wallonne 2004
5° 4 jours de Dunkerque 1999
6° Critérium International 2001
7° Tour du Pays Basque 2002
7° Paris-Nice 2001
7° Tour Down Under 2000
7° Liège-Bastogne-Liège 2000

10° Tour du Pays Basque 2003
10° Liège-Bastogne-Liège 2002
16° Tour de France 2001

10 places dans les 10 premiers dans des étapes du Tour de France
3 places dans les 10 premiers dans des étapes du Tour d'Espagne

Échappée n°5 . Été 1997

Rencontre avec Alexandre Vinokourov et Andrei Kivilev

     En ouvrant son courrier un jour de l'automne dernier, Gilles Mas à l'époque directeur sportif de l'équipe Agrigel-La Creuse, fut attiré par une lettre en provenance du Kazakhstan. Il n'en fallait pas mieux pour attiser sa curiosité. Elle provenait de l'entraîneur national qui cherchait à faire intégrer en équipe professionnelle 6 de ses meilleurs coureurs. Gilles Mas, qui connaît la rigueur et le talent de ces coureurs venus de l'Est, sait à quel point ils peuvent être un atout dans une équipe. Seule ombre au tableau aucun d'eux ne parle le français. Dans une équipe professionnelle française, c'est un sérieux handicap, et des problèmes d'intégration risquent d'apparaître rapidement gênants pour la progression de la formation. Gilles Mas entre temps devenu Directeur Sportif adjoint au côté de Vincent Lavenu de l'équipe "Casino", contacta Pierre Rivory pour lui proposer d'accueillir un ou deux Kazakhs durant cette saison pour leur permettre de s'adapter en douceur à la France, tout en apportant leurs compétences à la formation Saint Etienne Loire. Le rôle de pépinière de l'équipe Casino prenait une nouvelle tournure et l'expérience était par ailleurs intéressante à tenter. Une concertation s'engagea et sur les conseils de son Directeur Sportif, l'ECSEL accepta de se lancer dans l'aventure. Pierre Rivory dont le flair n'est plus à démontrer, arrêta son choix sur 2 coureurs en particulier : Mizourov et Vinokourov. Le premier ne voulant pas abandonner sa fiancée déclina l'offre. Alexandre Vinokourov, voyant là une opportunité extraordinaire décida de sauter le pas et posa le pied sur le sol stéphanois aux premières heures du printemps.
     Depuis le 22 mars, jour de son arrivée à St Etienne, Alexandre Vinokourov fait souffler dans les pelotons Élite un petit vent d'Est, métamorphosant d'un seul coup les ambitions du club. Dès ses premières courses, il décèle chez lui un petit quelque chose de différent qui devrait faire de lui un grand, peut être un très grand : 2° de la 4° étape du Tour d'Auvergne le 6 avril, meilleur grimpeur de Redon-Redon (Coupe de France Mavic) le 13 avril, meilleur grimpeur, 10° du classement final et vainqueur de 3 étapes du Tour de Saône et Loire fin avril, ... Il enchaîne les performances et finit par décrocher le pompon en enlevant le très relevé Essor Breton. Pourtant à son arrivée, Alex n'était pas au sommet de sa forme. Malade au retour du Tour de Malaisie qu'il courut sous les couleurs de l'équipe du Kazakhstan, il dut repousser son départ pour la France le temps de se soigner. Sa force de caractère, sa rigueur dans les entraînements et sa discipline de vie naturelle chez lui, lui permirent de retrouver rapidement son potentiel physique et ranger aux oubliettes ses petites misères de début de saison. "Alex est un coureur tout terrain qui possède une rapidité étonnante, s'exclame Pierre Rivory. Il a une soif de gagner impressionnante, qui le fait s'envoler à l'approche de la ligne. Je suis persuadé qu'il remportera un jour une étape du Tour. Vous verrez on en reparlera dans quelques années. Il est habile, malin et sait saisir les opportunités quand elles se présentent."
      Bon en contre la montre, rapide au sprint, il passe également bien les bosses. Tout à fait le profil du vainqueur de classiques. "Je pense qu'il est de taille à s'adjuger un Milan - San Remo ou une Flèche Wallonne. Si je devais le comparer à un grand du peloton, je dirai qu'il a l'étoffe d'un Jalabert. Il faut le voir sur un vélo! rajoute enthousiaste le directeur sportif de l'ECSEL, c'est impressionnant. D'ailleurs tout le monde est estomaqué en le voyant en course."
     Originaire de Pétropavlosk, ville importante de 300 000 habitants située dans le Nord du Kazakhstan, Alexandre débute le vélo vers 13 ans. Dans ce pays jeune, à présent ex-République de l'Union Soviétique, la vie n'est pas facile. Les parents Vinokourov sont employés dans un élevage de poulets. Le travail est dur pour un salaire de misère. "Certains mois, en raison des graves difficultés économiques que connaît notre pays, ils ne sont pas payés, explique Alexandre, et nous devons attendre des jours meilleurs." Malgré cela, ils permettent à leur fils de poursuivre pendant 5 ans des études dans un institut du sport. C'est dans cet établissement qu'il va acquérir l'essentiel de sa formation cycliste. Arrivé en junior, il intègre l'équipe nationale Russe, avant d'effectuer son service militaire qui dure 2 ans. Au fil des ans, Alexandre se forge une force de caractère et une rage de vaincre qui fait de lui aujourd'hui un coureur d'exception. Membre ensuite de l'équipe nationale du Kazakhstan, son parcours se jalonne peu à peu de belles performances. Il termine en 1993, 3° du Regio-Tour, remporte 2 étapes en 95 du Tour d'Équateur, gagne en 1996 le Tour de Slovénie après s'être illustré en Afrique du Sud au Giro del Capo. "Depuis que je suis en France, j'ai disputé de nombreuses courses avec souvent des places d'honneur à la clé, mais pour le moment je suis assez fier de ma réussite dans l'Essor Breton." Ce fut aussi l'occasion pour Alex de découvrir un coin de cette France pleine de charme, où la qualité de vie semble aux antipodes de celle qu'il a connue jusqu'alors.
      C'est à croire qu'Alex puise ses ressources physiques et mentales dans le passé historique et économique de son pays. Entre la mer Caspienne et la Chine, le Kazakhstan, cinq fois la superficie de la France, vécut sous l'emprise du Kremlin à des milliers de kilomètres de Moscou. Ce peuple (composé de 30% de russes et 70% de mongols), soumis et donc par la force des choses discipliné, oeuvra au développement de la grande Union Soviétique, ignorant à l'époque (mis à part quelques privilégiés qui portaient sur la scène mondiale les couleurs de l'URSS), qu'ailleurs, au delà de leur ghetto se trouvait un monde où toutes les ambitions étaient permises. A la chute du Mur de Berlin en 1989, les échanges avec l'Occident facilités, bien des jeunes sportifs saisirent l'opportunité de partir faire leur carrière ailleurs. Ce fut le cas aussi en matière de cyclisme, il suffit pour cela de regarder la composition des équipes professionnelles actuelles pour constater que le pourcentage de coureurs venus de l'Est ne cesse d'augmenter d'année en année, leurs résultats aussi par la même occasion. Tous font preuve d'une envie de réussite incroyable. Alex est de ceux là, le cocooning à l'européenne, il ne connaît pas. Dès ses débuts dans le cyclisme ses entraîneurs lui inculquèrent qu'un sportif doit faire table rase de ses petits bobos quotidiens, que seul l'objectif fixé importe, l'École Russe ne permet pas de faux pas ou de négligence, tout doit (du moins en apparence) être parfait. Voici les bases de sa réussite. "Alex je peux lui demander n'importe quoi en course, insiste Pierre Rivory, il m'écoute et il attaque lorsque je lui commande. Je n'avait jamais rencontré une telle discipline et une telle exigence jusqu'à présent chez de jeunes coureurs, c'est à l'école Russe."
      En fin de saison Alexandre Vinokourov passera sans doute professionnel, il y travaille d'arrache-pied et pas seulement sur le vélo. Après ses entraînements qu'il préfère solitaires, dans la campagne stéphanoise (qu'il explore sans carte), ou le soir à l'étape, il se plonge dans ses bouquins de français. Une ou deux fois par semaine, suivant son emploi du temps un professeur lui enseigne les rudiments de notre langue. Il tient à progresser rapidement, même si ses coéquipiers font l'effort de converser avec lui en anglais. "Il est important qu'il parle le français, confie Pierre Rivory, s'il veut intégrer une équipe française. Mais il en veut, je ne me fais pas de souci pour lui, c'est un battant avec un mental très fort."
Alexandre n'a pas pour autant coupé les ponts avec son pays. Il reçoit assez souvent des nouvelles de sa famille. " De préférence nous nous téléphonons, ça va plus vite que le courrier, parce que vous savez là bas c'est pas rapide." Sélectionné pour participer au championnat du monde militaire en Italie avec le maillot de son pays mi-juin, il s'envolera ensuite rendre visite à sa famille. "Quelques jours seulement pour ne pas perturber le programme établi, précise Pierre Rivory." Cet été le jeune Kazakh devrait recevoir aussi la visite de sa petite amie. Voilà de quoi  garder le moral surtout depuis l'arrivée d'Andrei Kivilev.

     Copain d'Alex, il avait rejoint une équipe cycliste de Burgos en Espagne. Si Alexandre réussit parfaitement son entrée stéphanoise, Andrei quant à lui s'aperçut vite qu'il ne progresserait pas dans cette structure. Les deux Kazakhs qui entretenaient des relations téléphoniques assidues mettaient constamment en parallèle leurs deux clubs d'adoption. L'ECSEL s'avérait être beaucoup plus professionnelle, avec un encadrement sérieux et un suivi des athlètes plus rigoureux. C'est alors que germa dans la tête d'Alex l'idée de faire venir son copain. Ils pourraient habiter le même appartement, suivre le même cours de français et ... acheter ensemble une machine à laver. Voilà ce serait génial! Il fallait à présent convaincre les dirigeants du club qui voyant une occasion supplémentaire de renforcer leur équipe élite, acceptèrent la venue d'Andrei qui débarqua à St Etienne le 8 mai.
Cette nouvelle recrue est aussi une bien jolie pointure, puisqu'il se classa 28° des Jeux Olympiques d'Atlanta en 1996. "C'était impressionnant, nous dit Andrei, de se retrouver avec des grands pros. C'était la première fois que nous nous mesurions à eux." Quant à Alex, bien qu'ami de l'Ouzbek Djamolidin Abdoujaparov, il côtoyait lui aussi pour la première fois de sa carrière les meilleurs du cyclisme mondial.
     Andrei Kivilev, lui, est né dans la capitale Alma Ata. Fils d'un policier et d'une institutrice, il suivit à peu près le même cursus qu'Alexandre. Tous deux possèdent la même rigueur issue d'une éducation stricte à la soviétique. C'est dans le petit appartement qu'ils partagent rue Offenbach à Montreynaud qu'ils préparent dans un sérieux absolu leurs courses, tout en rêvant aux exploits de leurs aînés. Andrei confie volontiers qu'il aimerait bien remporter ... un Championnat du Monde, quant à Alexandre s'il a l'étoffe comme le dit son directeur sportif du moment d'un vainqueur d'étape du Tour de France, alors pourquoi ne pas viser le classement final!
     Bien dans leur peau et bien dans leur tête, ils apprécient la gentillesse et la disponibilité des français dans leur vie quotidienne. "Lorsque je vais faire les courses, raconte Andrei dans un anglais très correct, je suis surpris de voir comme les gens m'accueillent, alors je leur dis en français Merci, merci beaucoup et ils sont contents." Les stéphanois sont très chaleureux, leur réputation n'est plus à faire, elle ne fait que se confirmer une nouvelle fois.

Marie-Line GONON